Par Shihan Germain Canoen
Au Wa-Jutsu, le nettoyage du dojo fait partie des principes de base que tout élève se doit de connaître et de pratiquer. Je dis très fréquemment que cela fait partie de l’enseignement. Ce nettoyage permet de conserver avant tout un endroit propre, mais également d’amener celui qui le nettoie à l’humilité. Il est un acte essentiel, perdu de nos jours et surtout en Occident. Un espace sale ou mal entretenu n’est pas très digne d’un dojo d’art martial. « Dojo » signifie : « lieu où l’on étudie la voie » et est considéré comme un lieu sacré dans les écoles traditionnelles japonaises comme au Wa-Jutsu. Il est un lieu d’étude et de transformation profonde, d’efforts communs où chacun évolue pour un but commun. Le nettoyage est donc nécessaire et doit être le premier acte avant de commencer ou le dernier après avoir terminé le cours.
De nos jours, la plupart des dojos sont nettoyés par les mairies et nous les en remercions. Mais au fond, de par la tradition, ne serait-ce pas aux élèves, par respect pour eux-mêmes et les autres utilisateurs que cela devienne un acte individuel et collectif ?
Je comprends qu’il n’est pas évident de maintenir un dojo propre et entretenu car à moins de posséder le sien, il est nécessaire de se coordonner avec les autres utilisateurs et si tout le monde s’entend, cela se passe bien. Malheureusement, ce n’est pas toujours le cas.
L’enseignant a un rôle primordial dans sa pédagogie et il doit se rappeler qu’il a lui-même nettoyé le dojo aussi bien lorsqu’il était jeune élève dans son club qu’au dojo central en présence du soké. Il est un devoir pour lui de perpétuer cette attitude et continuer de montrer l’exemple.
Nettoyer et aérer le dojo, c’est se sentir mieux. Accueillir les élèves dans cet espace propre permet la pratique dans de bonnes conditions. Un dojo n’est pas un lieu de consommation ou une cour de récréation : c’est un lieu d’échange, de respect entre chacun, de gratitude envers ce lieu qui vous accueille pour évoluer sur le chemin du budo traditionnel.
Dans les temples, les monastères, la simple action de nettoyage permet, pendant ce moment, de développer son attention et de diriger le mental à ce que l’on fait et s’ancrer pour ainsi le maitriser. Dans l’action, pensez que vous nettoyez votre corps, votre cœur et votre tête. Vous aurez l’ensemble apaisé et par conséquent clair.
C’est là un travail collectif mais également individuel avant tout et d’une grande humilité, qui ne peut être que bénéfique à tous les élèves et ainsi lutter contre notre plus grand ennemi qu’est l’égo.
Dans certaines écoles traditionnelles au Japon, le nettoyage n’est autorisé qu’aux yudanshas (pratiquants ceinture noire). C’est dire la valeur morale minimum que vous devez posséder avant d’avoir l’honneur de nettoyer le dojo.
Pour toutes ces bonnes raisons, le nettoyage du dojo doit (re)devenir un acte primordial. Organisez-le à tour de rôle ! Expliquez-le d’une manière positive. Vous allez renforcer l’humilité, la simplicité, la cohésion au travers de l’investissement de chacun.
Enfin, cela donne une bonne image de la qualité de l’enseignement dispensé dans le dojo pour les élèves, les enseignants, les maîtres de passage, les invités et les parents d’élèves.
À travers cet acte simple, vous vous élevez et non le contraire.